Sommes-nous tous un peu autistes ? Une réponse nuancée.
- Femme autiste Asperger

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Pourrions-nous insinuer que « Nous sommes tous un peu trisomiques » ? La question ne se pose même pas, car la trisomie 21 présente des caractéristiques physiques visibles.
Le Trouble du Spectre de l'Autisme (TSA), quant à lui, n'a pas de traits physiques communs, rendant la condition invisible aux yeux de tous. C’est là que réside la difficulté à se faire comprendre : seule la personne ayant un TSA SAIT qu'elle est autiste.
Les personnes neurotypiques qui tiennent ce genre de discours et lancent de tels commentaires le font souvent par manque de compréhension ou parce qu'elles croient ressentir certains symptômes. C'est dommage, car cela ne fait que banaliser la réalité d'une personne autiste et n'encourage en rien la compréhension, le soutien et la compassion.
Malgré tout, cet énoncé n'est pas entièrement faux. En effet, certains neurotypiques (non autistes) peuvent présenter des similitudes (j'y reviens plus bas). Toutefois, la différence réside dans l'intensité, la durée, la constance et la fréquence de ces traits.
Mais surtout, pour qu'il y ait diagnostic de TSA, les traits doivent répondre aux deux critères essentiels du DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), l'outil de référence utilisé par les psychiatres.
Les deux critères diagnostiques du TSA (DSM-5) :
Déficits persistants de la communication et des interactions sociales, qui englobent :
Déficit de réciprocité sociale ou émotionnelle.
Déficit des comportements de communication non verbaux.
Déficit du développement, du maintien et de la compréhension des relations.
Caractère restreint et répétitif des comportements, des intérêts ou des activités, qui englobent :
Mouvements répétitifs ou stéréotypés.
Intolérance aux changements, adhésion inflexible à des routines.
Intérêts restreints ou fixes, anormaux dans leur intensité ou leur but.
Hyper ou hypo sensibilité aux stimuli sensoriels.
Niveaux de sévérité
Il est également important de savoir qu'il existe trois niveaux de sévérité pour l'autisme :
Niveau 1 : Nécessite un soutien.
Niveau 2 : Nécessite un soutien important.
Niveau 3 : Nécessite un soutien très important.
Je me situe au niveau 1. Pour moi, cela se traduit parfois par une difficulté à verbaliser ; je préfère un mode de communication par écrit plutôt que verbal.
Concernant la communication sociale : J'ai de la difficulté à initier les relations sociales et je peux manifester des réponses atypiques ou inefficaces face aux initiatives d'autrui. Je peux sembler avoir peu d'intérêt pour les interactions sociales. Par exemple, je suis capable de m'exprimer par des phrases complètes et d'engager la conversation, mais je ne parviens pas à avoir des échanges sociaux réciproques et mes tentatives pour me faire des amis sont souvent jugées étranges ou inefficaces.
Comportements restreints et répétitifs : Le manque de flexibilité de mon comportement a un retentissement significatif sur mon fonctionnement dans un ou plusieurs contextes. J'ai une difficulté à passer d'une activité à l'autre. Des problèmes d'organisation ou de planification peuvent gêner le développement de mon autonomie.
Comorbidités
Par ailleurs, il y a les comorbidités, c'est-à-dire la présence d'un ou de plusieurs troubles associés au trouble primaire. Toutes les personnes autistes ne présentent pas les mêmes comorbidités, ni avec la même fréquence et intensité.
Certaines personnes neurotypiques peuvent présenter certaines comorbidités ; c'est là que je pourrais comprendre que ces personnes pensent présenter un TSA.
Pour ma part, je peux être hyper ou hypo sensible aux stimuli sensoriels, parfois au cours de la même journée. Je présente également un TDAH, de l'anxiété chronique, ainsi que des troubles allergiques et des intolérances (gluten, lactose), dont la sévérité peut varier.
Conclusion
Alors voilà, toutes les personnes ne présentent pas un TSA, mais elles pourraient vivre avec certains symptômes que les personnes autistes connaissent.
Donc, pour répondre à la question des neurotypiques :
« Sommes-nous tous un peu autistes ? », la réponse est évidemment NON.
Si vous présentez des difficultés physiques ou mentales, n'hésitez pas à consulter. L'important est d'être bien avec soi-même. Pour cela, il est nécessaire de se connaître pour mieux se comprendre et, finalement, trouver les outils et l'aide nécessaires pour mieux s'adapter.





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